Si pour vous la France, et plus encore la Vallée de la Loire, rime avec vins et vignobles, c’est assurément que vous êtes passés à côté du retour en force des brasseries artisanales partout en France, y compris en Pays de la Loire. Certes, il serait vain et inutile de chercher à occulter les Muscadets, Anjou Village et autres Cabernets d’Anjou pour ne citer que ces trois vins, néanmoins, il faut bien constater que les bières de pays occupent une place croissante, tant dans l’économie locale que sur les étales des cavistes, des épiceries et même des grandes surfaces. Zoom sur la renaissance de la bière artisanale en Pays de la Loire.
Petite histoire de la bière en France
Bière blonde, bière brune, bière blanche, bière ambrée… Il en est aujourd’hui pour tous les goûts, que l’on soit amateur de malt et de houblon ou que l’on ne boive qu’une petite mousse occasionnelle. Et si la France est connue comme étant la grande nation du vin, la bière a d’une certaine manière toujours fait partie de son histoire. Ou en tout cas depuis l’époque gauloise avec la cervoise. Mais après eux, ce furent surtout les moins qui furent les premiers brasseurs et les tenants d’un véritable savoir-faire, conservant même ce monopole jusque sous le règne de Louis.
L’art de la brasserie moderne prit naissance grâce aux travaux de Louis Pasteur dont le célèbre procédé, « la pasteurisation », permit de tuer les bactéries et autres levures sauvages qui altéraient le goût, la stabilité et la qualité de la bière. Conjointement au développement de machines industrielles à froid, ces deux révolutions permirent de brasser toute l’année et de produire des bières stables et constantes. Ainsi, à la fin des années 1890, la seule région du Nord comptait plus de 1330 brasseries dont la production pouvait voyager dans toute la France grâce à une autre invention majeure, le chemin de fer.
Pourtant, la première moitié du XXe siècle mit un véritable coup d’arrêt à la production de bière en France. Particulièrement touchée par les combats durant la Première Guerre mondiale, la région Nord perdit plus de la moitié de ces brasseries. Les matières et matériaux furent réquisitionnés durant la Seconde Guerre mondiale, accélérant le déclin de la bière française. La lutte contre l’alcool à partir des années 1960 prolongea le processus. En 1976, il ne restait ainsi que plus 23 brasseries en France.
Mais ça, c’était avant le renouveau de la bière vers le milieu des années 1980 et plus encore en ce début de XXIe siècle.
Le boom de la bière locale et artisanale en Pays de la Loire
La Hulotte, Le Loir, La Cabaude, la Belle de Maine, Mélusine, La Rombière, Alpaca, La Piautre… Ces noms ne vous disent rien ? Ce sont pourtant le nom de quelques bières artisanales des Pays de la Loire. Et ce n’est bien évidemment qu’un petit échantillon du grand nombre de bières produites dans la région.
Pour le seul département du Maine et Loire, le journal local Ouest France a recensé 18 brasseries proposant chacune de multiples recettes. Côté Vendée, on dénombrait en 2019 27 brasseries artisanales. Et le phénomène est le même sur l’ensemble des Pays de la Loire avec de nouvelles créations de micro-brasseries et brasseries artisanales partout sur le territoire. Bien entendu, cette tendance n’est pas le seul fait des départements ligériens, la Bretagne, Normandie, Rhône-Alpes… C’est toute la France qui se met à brasser artisanalement pour le plus grand bonheur des amateurs de produits et de recettes uniques, de saveurs nouvelles, et bien entendu de malt et de houblon.
Néanmoins, ce phénomène est plus intéressant en Pays de la Loire, comme il peut l’être dans le Bordelais par exemple, deux régions où l’identité viticole est forte.
Un secteur concurrentiel toujours dominé par les industriels
Si les Pays de la Loire mais aussi bien d’autres régions de France voient régulièrement apparaître de nouvelles brasseries locales et artisanales, ainsi que de nouvelles recettes, il faut pourtant noter que le secteur reste encore très largement dominé par les grands groupes. Ainsi, plus de 90% de la bière produite proviendrait des brasseries industrielles, les quelques pourcents restants étant le fruit des brasseurs artisanaux.
Notons par ailleurs que de nombreuses brasseries artisanales voient leur activité croître, jusqu’au jour où elles commencent à attirer la convoitise des grands groupes. Et pour cause, l’artisanal ayant le vent en poupe et bénéficiant d’une image de proximité et de qualité, les industriels y ont évidemment vu un filon intéressant. Pour les brasseries locales à succès, l’intérêt est évidemment de céder aux appels des sirènes en revendant sa marque et ses recettes à des groupes majeurs. Certains diront de vendre leur âme (ou leur bière) au diable. A vous d’en juger… Mais il faut bien avouer qu’à l’instar des brasseurs ligériens, seules les brasseries artisanales sont capables de nous surprendre régulièrement avec de nouvelles saveurs et de nouvelles recettes.